C'était hier. Le 3 juin 1984. Trente ans déjà. Le jour de la révélation. Ciel plombé. Circuit détrempé. Sur le toboggan plus que jamais pavé de mauvaises intentions du Grand Prix de Monaco, une modeste Toleman-Hart brave les trombes d'eau. Revenue de nulle part, elle semble rouler dans une autre dimension. René Arnoux, Keke Rosberg et Niki Lauda n'ont pu endiguer la déferlante. Doublés. Largués. Devant, il ne reste plus que la McLaren-Porsche d'un certain Alain Prost. Une cible en passe d'être à son tour submergée, effacée, lorsque le drapeau à damier abrège la course pour raisons de sécurité (voir ci-dessous).
C'était hier. Le 15 mai 1994. Vingt ans déjà. Le jour du recueillement. Deux semaines après ce sombre dimanche où l'irréversible s'est produit, là-bas, dans la courbe de Tamburello, à Imola… Quelques instants avant la mise à feu d'une course orpheline, sur la ligne de départ, ici à Monaco… La confrérie des pilotes réunie pour un poignant hommage autour de ses compatriotes Rubens Barrichello et Christian Fittipaldi qui tiennent un drapeau brésilien à son effigie barré de ce salut définitif au héros trop tôt disparu : « Adeus Ayrton ».
« Un lien très fort, très spécial »
Entre ces deux extrémités, une décennie s'est écoulée. La décennie Senna durant laquelle l'as du volant né à São Paulo aura apposé son empreinte de géant au palmarès du monument monégasque. Griffe unique. Trace indélébile.
Six victoires, cinq pole positions, quatre meilleurs tours en course : sur ce champ d'action à nul autre pareil, le génie brésilien a tutoyé le firmament comme personne. Vingt ans après son ultime échappée, il trône toujours seul, là-haut, un étage au-dessus de Michael Schumacher et Graham Hill (cinq succès chacun en Principauté). Celui qui le rejoindra est-il déjà né ?
« Tout le monde le sait, entre Ayrton et Monaco, il y avait un lien très spécial, très fort, comme une histoire d'amour. » Présente en Principauté, cette semaine, Viviane Senna, la sœur d'Ayrton, qui perpétue la flamme à travers l'Institut éponyme créé en 1994 au profit des enfants défavorisés, trouve tout de suite les mots justes pour dépeindre la relation hors norme entre l'étoile et la piste. « Au-delà des victoires et des titres, je m'aperçois que les gens se rappellent de ses qualités humaines. Détermination. Recherche de la perfection. Tout cela lui a permis de devenir un grand champion, dans la vie comme dans son sport. »
Au sommet de son art
Parmi les temps forts de son règne monégasque figure, bien sûr, la première glorieuse. 1987 : aux commandes de la 99T à suspension hydraulique active motorisée par Renault, il offre à Lotus sa septième et dernière victoire sur le mythique tourniquet. S'ensuit la fabuleuse période McLaren. Si un péché de gourmandise l'expédie dans le rail du Portier alors qu'il caracolait en tête avec une valise d'avance (54''), au 67e tour du GP 1988, le meilleur ennemi du Professeur va dicter son étourdissant discours de la méthode durant cinq ans d'affilée, de 1989 à 1993. En multipliant les coups d'éclat, tel ce tour de magie, son chrono numéro 1 (1'20''344), côté qualif', établi à 150,711 km/h de moyenne, le 11 mai 1991. En apnée. En lévitation. Au sommet de son art. Ou encore l'adieu triomphal signé lors de la 40e édition, le 23 mai 1993, après s'être élancé en 3e position derrière Prost et Schumacher…
Nico Rosberg s'en rappelle comme si c'était hier. « Il s'agit de l'un de mes premiers souvenirs estampillés F1, se remémore le tenant du trophée. Le dimanche matin, je dormais sur le toit d'un bateau et c'est le vacarme du warm-up qui me réveillait. J'apercevais alors son casque jaune et sa monoplace blanche et rouge débouler à la sortie du tunnel. Un bruit et une image que je ne pourrai jamais oublier. »
http://www.nicematin.com/grand-prix-de-monaco/ayrton-senna-lempreinte-indelebile-a-monaco.1754061.html
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